Conférence du vendredi 25 mars 2022 : Dorothée Olliéric, grand reporter au féminin

Grand reporter à France 2, Dorothée Olliéric a passé cinq semaines en Ukraine, couvrant pour France Télévision un conflit meurtrier. Originaire de Nantes, la journaliste était l’invitée de l’Observatoire des médias.

Femmes reporter de guerre en Ukraine
« Les femmes ont autant de courage que les hommes sur le terrain des conflits. Être une femme, cela a aussi des avantages, comme celui d’être proche des femmes. Nous apportons sans doute aussi un peu de douceur dans ce monde de brutes. Nous nous appuyons sur des fixeurs qui nous guident dans leur pays. Le fixeur, c’est un peu notre assurance-vie ! En Ukraine, ma fixeuse était professeure de russe, elle a démissionné au déclenchement de la guerre. Pour elle, être fixeuse, c’est un acte citoyen afin que le monde sache ce qui se passe dans son pays».

Voyeurisme ou tête brûlée ?
« Pas de voyeurisme, mais nous prenons des risques mesurés, et parfois il faut savoir dire non. Sur les terrains de guerre, il y a une grande solidarité entre les journalistes des différents médias, notamment sur les questions de sécurité. Les jeunes journalistes sont un peu plus frileux d’aller sur les lieux des conflits. Les bruits de la guerre sont effrayants. Aujourd’hui, dans le service public, les primes de risque ont été supprimées, car la direction ne veut pas pousser les journalistes à prendre des risques ! »

En Ukraine, une guerre différente ?
« La réaction des Ukrainiens m’a surpris. Beaucoup de gens sont prêts à se battre et ils sont galvanisés par leur Président. C’est un peuple très nationaliste, tourné vers l’Occident et épris de liberté. La guerre se déroule dans des tranchées réalisées de part et d’autre, autant côté russe que du côté ukrainien. Des armes très sophistiquées sont utilisées ».
D Olliéric

Le pire souvenir ?
« Le conflit au Rwanda, avec des champs de cadavres. Il m’arrive de faire des cauchemars en rentrant de reportage : en  plongée, je revoyais des corps démembrés autour de moi. En revenant de la guerre, je m’attache à protéger mes proches et à garder une certaine normalité de la vie ».

Un beau souvenir ?
L’Afghanistan, mon pays de cœur, un pays attachant et accueillant. Mais, un pays qui a beaucoup changé avec l’arrivée des talibans au pouvoir, privant ce peuple de l’espace de liberté qu’il avait trouvé »

Patrice Saint André
Mis à jour le 05 mai 2022.
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