Conférence du 5 avril 2019 : "Les médias et l'Afrique" Ousmane Ndyaye

Ousmane Ndiaye est journaliste, il a travaillé à Courrier International. Depuis 2017, il est rédacteur en chef à TV5 Monde. Conférence présentée par Jean-Claude Charrier

TV5 Monde ?
 TV5 Monde, c'est un peu la voix de la francophonie. C'est une sorte de mini ONU des médias, avec la participation de l'audiovisuel public français, mais aussi de Radio Canada et de la télévision suisse . TV5 Monde n'est pas une chaîne d'informations (comme France 24). TV5 apporte un soutien au film africain, fiction et documentaire, comme peut l'être Canal + en France, avec des des coproductions en partenariat avec les TV publiques francophones. TV5 Monde, c'est 45 millions de téléspectateurs en Afrique, mais aussi une chaîne très regardée dans les communautés africaines au Canada, en Chine, aux USA…

L'émergence des médias en Afrique
De l'information traditionnelle par les tambours, aux gazettes papier liées à la colonisation… une évolution.  Après la seconde guerre mondiale, les journalistes africains deviennent plus politisés, notamment au contact du Parti Communiste français. Ces journalistes deviendront par la suite des responsables politiques au sein de leur pays. Le rôle des missionnaires a aussi été très important, avec « Afrique Nouvelle ». Avec l'indépendance des pays africains, les médias deviennent la voix des gouvernements. La radio publique prend une grande importance, dans des pays où une part importante de la population est analphabète. En Afrique, la télévision apparaît en 1972 à l'occasion des JO de Munich.

L'arrivée des médias d'opposition
Face aux quotidiens nationaux très liés aux partis de gouvernement, apparaît une presse contestataire, souvent clandestine et interdite dans beaucoup de pays. Ainsi, en Tunisie, un journal comme « Jeune Afrique », se veut être un journal transcontinent, inspiré du Nouvel Observateur. Avec la chute du mur de Berlin, les années 90 marquent la fin de la guerre froide et une nouvelle configuration géopolitique. Une presse écrite libre apparaît, « L’Essor », au Mali ou « Le Soleil » au Sénégal. Les radios libres vont permettre de toucher un plus large public. Le téléphone portable et les radios libres font émerger un contre-pouvoir naissant. A partir des années 2000, les médias gouvernementaux rachètent les journaux libres, avec une répression féroce.

L'Afrique, vue par les médias étrangers
Dès 2010, les médias étrangers sont revenus en force en Afrique. Le Monde, le Point...les Chinois ont ouvert des agences de presse en Afrique. Ils diffusent des programmes en français mais aussi en langues africaines. Depuis le discours de Dakar (N. Sarkosy), il y a une vraie défiance des africains vis à vis de la France. L'intervention française au Mali a amplifié cette défiance. Au Sénégal, il y a un recul des médias français et une vraie demande pour une presse en langues africaines. L'Afrique, vue par les médias français est trop souvent perçue sous un angle émotionnel. Il faut distinguer l'émotion de l'information. L'émotion, par exemple devant une catastrophe ou un attentat, peut être une perte de sens. Le journaliste, par son regard, prend parti et juge, il choisit de montrer ce qui a, pour lui, du sens.

Patrice Saint André – 6 avril 2019
Mis à jour le 22 mars 2022.
https://up.ppksup.univ-nantes.fr/conference-du-5-avril-2019-les-medias-et-lafrique-ousmane-ndyaye