Conférence du 3 mars 2023 : Journalisme et amour du cinéma - Eric NEUHOFF

La nostalgie du cinéma d’antan
Amour du cinéma français ? Telle était la première question posée à Eric Neuhoff, critique de cinéma au Figaro Magazine. « Le cinéma fait partie de notre vie. Dans les années 70 je me souviens de films inoubliables, avec des artistes de talents ». Eric Neuhoff cite, en vrac, des noms connus, ses « préférences » ! Truffaut, Chabrol, Belmondo, Trintignant, Romy Schneider… Le cinéma d’Eric Neuhoff est lié à son adolescence. Il rappelle « ses » grands films qui ont marqué sa jeunesse : Cris et chuchotements (Bergman), le Mépris (Godard), Manhattan (Woody Allen). « La vie devrait être filmé en noir et blanc, à la façon de Woody Allen.

« En 2022, il est sorti 280 films français, 15 à 20 films par semaine, mais avec quelle qualité ? ». Selon Eric Neuhoff, la faible qualité des films français est liée au mode de financement du cinéma. « Les subventions tuent le risque et engendrent des films sans talent ». Mais que serait le cinéma français sans les aides au financement ? La question ne lui a pas été posée ! Neuhoff aime forcer le trait jusqu’à la caricature ! « Je déteste les Césars, mais c’est un mal nécessaire ! ». Sans plus d’explications !
« Être critique de cinéma, ce n’est pas un métier, mais un plaisir pour parler d’un loisir !  Au Masque et la Plume, on fait de la résistance face à l’impact phénoménal des promotions ». Les plates-formes ne nuisent pas à la fréquentation des salles, selon Neuhoff, ce sont les mauvais films qui font fuir les spectateurs. « Le conformisme de la société se retrouve dans le conformisme au cinéma, mais parfois, l’imprévu peut arriver ! ». Son jugement sur le cinéma  est sans nuance : « Le cinéma français agonise sous nos yeux, il est à peine l’ombre de lui-même », écrit le critique dans son petit ouvrage pamphlétaire, (Très) cher cinéma français (2019, en Livre de Poche)
Patrice Saint-André
Neuhoff Ce n’est que du cinéma
De l’ironie et de la dérision, du charme et beaucoup de nostalgie, ainsi est apparu Eric Neuhoff. Un sens de la formule  propre au critique : «  Le physique des acteurs, c’est comme la farine pour le boulanger » et de citer Romy Schneider, Claude Jade, Jacqueline Bisset et bien d’autres. Le ciné comme guide pour les adolescents qui y apprennent que la vie n’est pas toujours comme dans le film, « Le cinéma français, ça sent l’huile de coude, il faut savoir écrire, il faut savoir filmer», «  280 films français cette année, la quantité y est ! »
Une vocation de critique née à l’écoute du Masque et la Plume et ses célèbres joutes entre Jean-Louis Bory et Georges Charensol. Sa passion du cinéma le conduisait parfois à intervenir comme auditeur. Sa  candidature à l’Académie Française, au siège laissé vacant par Jean-Louis Bory, si elle se concrétisait serait une formidable occasion de lui rendre hommage. En ayant conscience que la baisse d’influence des critiques est incontestable et notamment liée à la réduction drastique du nombre des supports.
Eric Neuhoff oriente volontiers vers des films  qui méritent le déplacement : Tar de Todd Field, Babylon de Damien Chazelle et le dernier film « autobiographique » de Spielberg The Fabelmans. Les grandes qualités qu’il reconnait « Au styliste » Arnaud Despleschin, véritable artiste passionné et talentueux du cinéma français, à Fabrice Luchini «  qui fait venir les spectateurs ».
Tout se passe en effet dans les salles de cinémas pour lesquels Eric Neuhoff a écrit en 2022 aux éditions Privat, un  Petit éloge amoureux des cinémas : «  Dans un monde parfait, les cinémas seraient des sites classés. ».
Jean-Claude Charrier
Mis à jour le 14 mars 2023.
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