Conférence du 15 décembre 2017 : Michel URVOY "L'avenir inquiétant du journalisme politique"
Journaliste, éditorialiste politique de 2007 à 2017, Michel Urvoy a été directeur des services parisiens d'Ouest-France et secrétaire de l'Association des journalistes parlementaires.
En préambule, Michel Urvoy rend hommage à François-Régis Hutin, décédé dimanche 10 décembre à l'âge de 88 ans. François-Régis Hutin a piloté Ouest-France pendant 32 ans, lui permettant de devenir le premier quotidien francophone. Patron de presse, il était un chrétien, humaniste et un homme de conviction. Michel Urvoy a rappelé les engagements humanistes de ce grand journaliste.
En s'interrogeant sur l'avenir inquiétant du journalisme politique, Michel Urvoy trouve des explications dans la crise des médias et du politique. « Le pouvoir échappe au pouvoir », affirme-t-il. Puissance des géants de l'Internet (Goggle, Apple, Facebook…), affaiblissement du politique qui ne gère plus que de la dépense et de la contrainte, problème de la représentativité des élus, décalés sociologiquement et territorialement, discrédit lié aux affaires qui ne sont plus acceptées… Mais aussi, évolution des médias condamnés au « temps court, alors que le temps politique est un temps long ». Le temps médiatique conduit à une concurrence des politiques, dans la posture, dans les « petites phrases ». Appauvrissement économique des médias traditionnels, concurrence des réseaux sociaux pour lesquels personne n'est responsable du contenu. L’ information sur Internet et sur des chaînes d’info continue, est traité par des journalistes jeunes, « réactifs mais pauvres : si je n’ai pas un son pour ce soir, je ne suis pas payé !». A l’opposé « Les journaux papiers sont par nature élitistes et ne s'adressent qu'à ceux qui en ont le moins besoin ».
Comment redonner du crédit au politique ? Par une représentation des citoyens, une clarification des projets politiques des partis… Et du côté des médias, en retrouvant l'expertise de l'information ( data journalisme, fact-cheking) notamment par une réorganisation des rédactions et en incitant les journalistes à passer plus de temps sur le terrain que devant leur écran d'ordinateur « repartir par le local » et travailler davantage « Les journalistes travaillent peu ! »
Le débat politique est-il devenu plus violent ? « Avec les réseaux sociaux, l'intolérance s'est démocratisée. Les attiseurs de haine, pour qui les maux du pays justifient les mots de la politique, enflamment la place publique » (extrait du blog de Michel Urvoy). L'ancien éditorialiste d'Ouest-France porte un diagnostic sans détour sur les nouveaux réseaux d'information. « La rumeur remplace la rigueur, l'image la réflexion et l'insulte l'argument ». De plus, la hiérarchie des informations que chacun recherche sur l'Internet (par exemple Google) est modifiée par les algorithmes, en fonction des centres d'intérêt des internautes.
Interrogé sur le rôle d'éditorialiste, Michel Urvoy rappelle qu'un édito, éclaire, met en perspective et reflète l'orientation du journal. « Tout sujet peut faire l'objet d'un édito. Il faut une approche globale du sujet pour des questions qui peuvent changer le cours des choses ». A Ouest-France, les éditos font l'objet d'échanges entre les journalistes sur l'opportunité de tel ou tel sujet et un dessin de presse peut être un bon édito !
En préambule, Michel Urvoy rend hommage à François-Régis Hutin, décédé dimanche 10 décembre à l'âge de 88 ans. François-Régis Hutin a piloté Ouest-France pendant 32 ans, lui permettant de devenir le premier quotidien francophone. Patron de presse, il était un chrétien, humaniste et un homme de conviction. Michel Urvoy a rappelé les engagements humanistes de ce grand journaliste.
En s'interrogeant sur l'avenir inquiétant du journalisme politique, Michel Urvoy trouve des explications dans la crise des médias et du politique. « Le pouvoir échappe au pouvoir », affirme-t-il. Puissance des géants de l'Internet (Goggle, Apple, Facebook…), affaiblissement du politique qui ne gère plus que de la dépense et de la contrainte, problème de la représentativité des élus, décalés sociologiquement et territorialement, discrédit lié aux affaires qui ne sont plus acceptées… Mais aussi, évolution des médias condamnés au « temps court, alors que le temps politique est un temps long ». Le temps médiatique conduit à une concurrence des politiques, dans la posture, dans les « petites phrases ». Appauvrissement économique des médias traditionnels, concurrence des réseaux sociaux pour lesquels personne n'est responsable du contenu. L’ information sur Internet et sur des chaînes d’info continue, est traité par des journalistes jeunes, « réactifs mais pauvres : si je n’ai pas un son pour ce soir, je ne suis pas payé !». A l’opposé « Les journaux papiers sont par nature élitistes et ne s'adressent qu'à ceux qui en ont le moins besoin ».
Comment redonner du crédit au politique ? Par une représentation des citoyens, une clarification des projets politiques des partis… Et du côté des médias, en retrouvant l'expertise de l'information ( data journalisme, fact-cheking) notamment par une réorganisation des rédactions et en incitant les journalistes à passer plus de temps sur le terrain que devant leur écran d'ordinateur « repartir par le local » et travailler davantage « Les journalistes travaillent peu ! »
Le débat politique est-il devenu plus violent ? « Avec les réseaux sociaux, l'intolérance s'est démocratisée. Les attiseurs de haine, pour qui les maux du pays justifient les mots de la politique, enflamment la place publique » (extrait du blog de Michel Urvoy). L'ancien éditorialiste d'Ouest-France porte un diagnostic sans détour sur les nouveaux réseaux d'information. « La rumeur remplace la rigueur, l'image la réflexion et l'insulte l'argument ». De plus, la hiérarchie des informations que chacun recherche sur l'Internet (par exemple Google) est modifiée par les algorithmes, en fonction des centres d'intérêt des internautes.
Interrogé sur le rôle d'éditorialiste, Michel Urvoy rappelle qu'un édito, éclaire, met en perspective et reflète l'orientation du journal. « Tout sujet peut faire l'objet d'un édito. Il faut une approche globale du sujet pour des questions qui peuvent changer le cours des choses ». A Ouest-France, les éditos font l'objet d'échanges entre les journalistes sur l'opportunité de tel ou tel sujet et un dessin de presse peut être un bon édito !
En réponse à une question sur la connivence entre les journalistes et les responsables politiques, Michel Urvoy répond sans hésitation. « Je vouvoie tous les hommes politiques, car la distance est nécessaire à l'objectivité. Quand Jean-Marc Ayrault est devenu premier ministre, nous nous sommes vouvoyés, alors que nous avions une relation amicale, quand il était maire de Saint-Herblain ». Des principes déontologiques qui honorent le journaliste !
Michel Urvoy, interviewé par Patrice Saint André
Mis à jour le 22 mars 2022.